ÉCLAIRAGES COMPLÉMENTAIRES

Eclairages complémentaires 



ÉCLAIRAGES COMPLÉMENTAIRES

Comprendre la complexité de l’offre de soins en psychothérapie : comment choisir ?

Consulter un psychothérapeute, c'est d'abord prendre soin de soi
De nos jours, contrairement à de vieux préjugés, consulter un psychothérapeute de sa propre initiative (consentement aux soins) est l'indicateur d'une bonne santé mentale. Cette action en elle-même témoigne en effet d'un savoir faire pour soi : le réflexe d'aller demander de l'aide lorsqu'on en ressent le besoin. Ce réflexe nous est utile dans de nombreux domaines et situations d'apprentissage pour progresser. En psychothérapie, c’est d’abord un acte de prévention pour ne pas s’aggraver (pour ne pas basculer dans une réelle pathologie mentale, organique, ou pour mieux gérer une maladie déjà en cours de traitement). C’est ensuite (et surtout) une chance que l’on se donne de changer notre futur, d’apprendre à fonctionner autrement et de ressentir un bien-être que l’on n’aurait pas imaginé pouvoir connaître un jour.

Mes patients/clients manquent parfois de recul, de discernement. Dans les cas les plus extrêmes, ils sont épuisés moralement et/ou physiquement, au bout du rouleau, en perte d’espoir, au point (pour certains) d'avoir hésité entre le suicide et consulter. Mais leur sens critique est toujours préservé. Ils ont souvent besoin d'apaiser certaines souffrances, une culpabilité, de mieux comprendre une problématique, de moins donner de pouvoir aux autres, de stopper la répétition de situations indésirables et/ou d'arriver à enfin atteindre un objectif identitaire (personnel, professionnel, affectif, etc.). Mais surtout, ils restent ouverts à la remise en question. Ils sont prêts à reconnaître leurs erreurs si mes hypothèses leur font sens et trouvent des solutions pour ne plus les répéter. Ils sont prêts à apprendre pour changer, moins souffrir et vivre enfin certaines aspirations légitimes

Donc rassurez-vous, le fait même de vous renseigner, de voir s’il n’y aurait pas quelque compétence pour vous aider, est une preuve de bonne santé mentale, l’indication que vous n’êtes pas fou (ou folle), bien au contraire. C’est pour cela que même si vous êtes déçu(e) par certaines tentatives (tous les psychothérapeutes ne conviennent pas à tous les patients), NE RENONCEZ JAMAIS, changez de professionnel jusqu’à ce que vous trouviez la personne et les outils qui vous correspondent. NE PERDEZ JAMAIS ESPOIR, croyez en la vie, en vos possibilités de découvrir de nouvelles manières de fonctionner, vous y arriverez, avec moi ou quelqu'un d'autre, si vous le décidez !!

Eléments d’histoire (pour mieux comprendre les préjugés) : Evolution des rapports à la psychothérapie et des demandes de soins
L’histoire des psychothérapies, même si le terme est récent, est indissociable de celle des rapports entre la médecine, notre société, et les maladies mentales les plus graves
Le manque de connaissances vis-à-vis des causes (étiologie) de certaines formes sévères a longtemps été la source de nombreuses peurs, de répulsions superstitieuses (avec la peur d'une contamination de l'emprise par le mal) et de comportements irrationnels voir barbares. En deux-mille ans, grâce aux combats de nombreux médecins, à l’évolution morale, scientifique, politique et juridique de notre société, le « possédé démoniaque  » (auparavant enfermé avec les criminels, les délinquants, etc.) devint l’« aliéné » à soigner (d’abord à l’écart de la société) par des médecins dits "aliénistes" qui disposaient de très peu de moyens financiers, puis un « malade mental » à prendre en charge dans la société. C’est l’histoire de la psychothérapie institutionnelle (PI) : un mouvement d’idées, de représentations de la maladie mentale et des manières de soigner. 

Puis notre société évolua encore. La fin de la deuxième guerre mondiale marqua un tournant pour la plus grande majorité des français. Une conjonction de facteurs permit l’avènement des acquis sociaux. En quelques dizaines d’années, par un principe de mutualisation, notre pays institutionnalisa une sécurité sociale et différentes formes de droits pour tous (retraite, chômage, etc.). Ce fut aussi un nouvel essor du droit du travail avec la reconnaissance et l’indemnisation de certaines maladies professionnelles, des accidents du travail, le droit au congé maternité, la mise en place progressive d’une prévention sécurité, de conventions collectives, etc. A cela s’ajoutèrent de nouveaux droits pour les femmes : le droit de vote, de faire des études supérieures, de travailler sans avoir besoin de l’accord du mari, le droit à l’avortement, etc. Tout cela est très récent, moins d’un siècle d’histoire. Les conséquences de ces évolutions sont bouleversantes pour notre société et entraînent notamment un nouveau rapport aux psychothérapies.

Ne dit-on pas si souvent qu’« avant, les anciens ne se posaient pas de questions » ? L’explication de ce constat est très simple. Avant ces acquis sociaux, la plupart de nos anciens travaillaient, se faisaient exploiter par une minorité et ce, avec très peu de droits, de protections. Leur cerveau fonctionnait en « mode survie » (plutôt automatique, primaire ou robotisé) pour tenir plus longtemps dans des conditions de vie agressives. Ce fonctionnement spécifique serait analogue à celui qui permettrait aux enfants et aux adultes maltraités de rester en vie. Le mode survie n’admet pas les ruminations inutiles. La priorité est de rester en vie et de protéger la famille. Les valeurs principales d'une société en "mode survie" sont la solidarité et l’honneur. La solidarité car en cas d'accident du travail, d'incapacités particulières, il faut pouvoir compter sur les autres : nos voisins, la famille, les amis, etc. Dans de tels contextes, la superstition occupe une place centrale au quotidien. Il ne faut pas attirer les colères divines (quelles que soient ces divinités). Les divinités, comme le catholicisme en France, édictent alors des règles, des lois. Aller à l'encontre de ces règles, c'est offenser les divinités. Et ce déshonneur, dans un contexte de survie très superstitieux, fait de nous des "porteurs de poisse". Nous devenons des parias, des intouchables et sommes rejetés par les autres, par la "meute", nous perdons la solidarité. "Je t'embaucherais bien mais tu comprends, ta fille est enceinte avant le mariage, tout le monde le sait, ils iraient faire leurs courses ailleurs", etc. C'est dans un tel contexte qu'en France, avant les acquis sociaux, la peur du déshonneur et de perdre la solidarité garantissait une forme de respect de l'autre que certains nostalgiques regrettent face aux manques de civisme de notre société actuelle. D'autres retrouvent cette forme de respect en voyageant dans des pays qui fonctionnent encore comme cela, en mode survie, sans ou avec très peu d'acquis sociaux. Mais les choses se compliquent souvent lorsque ces mêmes personnes basculent du voyage à une volonté de construire (affectivement, professionnellement, etc.). En France, avant les acquis sociaux, ne l'oublions pas, c'étaient les avortements clandestins. Les "faiseuses d'anges" rendaient service, avec des aiguilles pas toujours aseptisées, pour que la famille de la jeune fille - enceinte avant le mariage - ne soit pas dans le déshonneur et rejetée par la société. Il y eut aussi énormément de bébés tués ou abandonnés aux services sociaux du fait d'une conception dans le déshonneur. A l'époque, un enfant qui prenait une claque à l'école en prenait deux en rentrant à la maison car il ramenait ce même déshonneur. Aujourd'hui, une claque à l'école (ou à la maison) est considérée comme une forme de maltraitance. Avant les acquis sociaux, l'honneur était donc bien plus qu'une valeur, c'était l'un des fondements de notre société. Ainsi, du jour au lendemain, grâce à ces protections sociales mutualisées, la solidarité est institutionnalisée, bureaucratisée. Nous n’avons plus besoin de notre voisin et avons beaucoup moins peur des conséquences d'un rejet, il suffit d’aller faire la queue aux différentes caisses, aux urgences, en cas de besoins pour notre survie ou pour celle de nos enfants. Mon expérience clinique quotidienne montre que lorsque des parents fonctionnent encore en mode survie, comme avant, des pères sont encore capables de renier leur enfant sous prétexte d'une homosexualité, toujours ce sentiment de déshonneur.

Les conséquences de cette évolution historique, en France, furent nombreuses et complexes. L'évolution que nous retiendrons ici est surtout la généralisation d’une façon particulière de fonctionner de notre cerveau jusque là réservée à une petite frange aisée de la population : le fonctionnement en « mode vie ». Pour utiliser une simple métaphore : avant, nos parents nous transmettaient une boulangerie, une boucherie, ou nous permettaient d’entrer à l’usine, à la mine, et nous ne nous posions pas de questions (ou pas longtemps), nous avions une forme de sécurité et le sentiment d’une chance de pouvoir subvenir aux besoins de notre famille en accédant à un travail. Au lendemain des acquis sociaux, les conditions changent et nous nous demandons du matin au soir (ruminations) ce que nous faisons dans cette boulangerie, dans cette usine, avec cette femme, avec cet homme, etc. Ces questions, dites « existentielles » étaient jusqu’alors réservées à une part infime et privilégiée de notre société. Pour exemple, avant ces acquis sociaux, les femmes dites « hystériques » qui consultaient Freud (et tant d'autres) n’étaient jamais des filles ou femmes d’ouvriers, les familles n'avaient pas les moyens de payer de tels soins non remboursés.

Les questions existentielles, du fait de nouvelles conditions sécurisantes, se sont donc répandues à l’ensemble de la société. Certaines recherches ont même démontré que dans la durée, ces questions - devenant ruminations épuisantes faute de solutions apaisantes - pouvaient fragiliser nos défenses immunitaires, au point même d’expliquer (pour certains) la croissance exponentielle de nombreuses maladies telles que le cancer et certaines maladies auto-immunes. Ces questions, que les anciens (en mode survie) ne pouvaient se poser, se rapportent à notre identité, à « qui l’on est », à « où est notre place », etc. Elles sont en lien avec les notions de plaisir et de satisfaction. Elles s’apaisent généralement lorsque notre planning est rempli d’actions, de contextes et de liens affectifs qui nous font sens. C'est donc l'époque de la quête de soi : quel métier vais-je choisir ? Où vais-je vivre ? De quelle manière ? Les différences entre individus se feront beaucoup moins sur leurs capacités à survivre et beaucoup plus en termes de goûts. Je ne veux plus avoir besoin de l'aval de mes parents pour choisir mon futur mari ou ma future femme, je veux "consommer" avant le mariage (je ne veux d'ailleurs plus être obligé(e) de me marier), je ne veux pas simplement aimer, honorer mon mari (ou ma femme), je veux être amoureux(se), c'est la fin du devoir conjugal même si tout le monde n'en est pas encore sorti !!
Dans ce nouveau contexte plus sécurisé, les recherches identitaires incontournables nécessitent un autre fonctionnement du cerveau, en "mode vie", pour apprécier, sentir, goûter, utiliser nos sens et ressentir ce que l'on aime (ou pas, ou plus ou moins, etc.). Profiter, lâcher prise, avoir des orgasmes, nécessitent un fonctionnement en mode vie (système parasympathique). Cette pulsion générale vers soi, vers nos différences mais aussi vers le plaisir de vivre, se heurte au poids du déshonneur. On ne peut pas atteindre le bonheur sans casser une morale devenue écrasante. Au niveau plus large de notre société, ce fut le fond des événements de mai 1968 : des "pierres sur la morale" pour se donner le droit d’être. En 1968, l’époque n'est plus à la survie en France. Un enseignant que j'ai beaucoup apprécié parlait même, faisant référence à cette époque, de "mythe révolutionnaire des nantis". Des anciens me disaient aussi : "En cette période, un patron nous énervait le matin et nous en trouvions un autre l’après-midi…".

Mais ces quêtes (identitaires) ne sont pas toujours évidentes, faciles, voir même possibles pour tous
Ainsi, pour beaucoup, les questions existentielles perdurent de façon consciente (ruminations) ou mises de côté : "pourquoi mon patron, mon supérieur, mon collègue, mon mari, ma femme, mon enfant, me traite t-il (elle) comme cela ?", "mon travail n'a plus de sens, j'ai une boule au ventre le matin avant d'y aller", "pourquoi je ne ressens plus de désir pour mon mari, pour ma femme ?", "pourquoi ai-je aussi peur de m'affirmer ?", "pourquoi ma vie ne me fait pas (ou plus) sens ?", "pourquoi je mange, bois, fume autant ?", "pourquoi ai-je été parent avant d'avoir assumé mon identité sexuelle ?", "pourquoi suis-je aussi impulsif(ve) ?",  "Pourquoi l'amour c'est si compliqué à vivre pour moi ?", "Pourquoi mes enfants ne veulent plus me parler ?", "Pourquoi je me fais toujours avoir ?", etc. Sans solution, ces ruminations nous fragilisent dans la durée. Selon la personnalité (tempérament, caractère) de chacun, les conflits intérieurs générés (frustrations, souffrances morales, etc.) se manifesteront de différentes manières : troubles des fonctions instinctuelles (sommeil, alimentation, sexualité, etc.), symptômes somatiques (avec ou sans lésion), angoisses, troubles du comportement, irritations, énervements, décompensations dépressives, etc. Ce sont ces nouveaux symptômes, comorbides d’un manque d’épanouissement personnel (mal être) qui caractériseront désormais les principaux motifs de consultation auprès de ce récent métier en plein essor, celui des psychothérapeutes. C'est pour cela que nous ne parlons pas, ou plus, de pathologies mentales, nous parlons de prévention, de traitement ou d'accompagnements en amont, avant aggravation. La souffrance est présente (même si elle n'est parfois que morale) et la psychothérapie reste un soin pour des cerveaux qui aspirent au mode vie. C'est pour cela que je continue à employer le terme de "patients" même si le terme de "client" est de plus en plus revendiqué.

Aujourd’hui, dans les représentations populaires, il subsisterait principalement deux types de rapports à la maladie mentale. Dans le premier cas, celui des plus graves affections, les sujets n’ont pas conscience d’être malades. La classification traditionnelle française parle de troubles de la personnalité, de traits psychotiques, voir de psychoses. Sans traitement, ces derniers perdent le contact avec la réalité (dans certaines sphères de leur vie, dans le rapport aux autres ou plus largement à la société). Certains ne peuvent plus avoir des comportements adaptés sans traitements psychotropes et psychothérapiques. Ils sont donc incapables de survivre dans notre société sans se faire du mal ou en faire aux autres. Ces malades, souvent sans leur consentement, sont alors pris en charge en institution ou en ambulatoire lorsque leur traitement permet une relative adaptation dans notre société. Les maladies les plus courantes seront la schizophrénie et le trouble bipolaire. Dans cette catégorie existent aussi certaines maladies mentales plus subtiles, plus complexes à diagnostiquer car le sujet présente une plus grande capacité (souvent professionnelle) à vivre en société, tout en ayant de fortes carences affectives qui perturbent son rapport à l’autre. C'est le cas des dits "pervers narcissiques". Ces malades non diagnostiqués et non soignés n’ont pas non plus conscience de l’être. Ils présentent des convictions absolues, inébranlables, ce qui rend certaines communications impossibles (surtout en matière d’affect). Ils présentent aussi des mécanismes de projection (c’est toujours de la faute des autres). Leur solidité apparente n’est en fait qu’une rigidité psychologique et ils n’iront jamais consulter, prétextant ne pas être fous. Ils attirent ou se dirigent bien souvent vers des personnes plus fragiles qui deviendront leurs victimes (conscientes ou non de l'être). Ces proies auront tendance à se remettre un peu trop en question, à avoir peur de l’abandon, à avoir du mal à poser des limites, à présenter un seuil de tolérance trop élevé, etc. 

Ces victimes introduisent le deuxième rapport à la maladie mentale, celui dans lequel les personnes ont conscience d’avoir un ou des problèmes. Cette conscience d'avoir un problème nous dérange, nous fragilise. Elle nous renvoie à une forme d'impuissance à être ou vivre en accord avec nos principes, nos valeurs ou nos aspirations. Je peux souffrir de la culpabilité d'avoir mal traité, d'avoir insulté, trompé, menti, manipulé, de ne pas arriver à dire "je t'aime", d'une intolérance à l'autorité, de ne pas arriver à me défendre, d'être régulièrement quitté(e), de me faire avoir, etc. La diversité des demandes est grande. Mais pour les patients (ou "clients") des psychothérapeutes qui exercent en libéral, cette conscience du problème marque LA différence avec la folie. Les fous n'ont pas (ou rarement) conscience de l'être. Dans cette deuxième catégorie de rapport à la maladie mentale, de plus en plus de professionnels affirment que la souffrance ne veut pas dire qu'il y a maladie. C'est pour cela que le terme de "client" est de plus en plus utilisé. Pour le moment, j'utilise toujours le terme de "patient" du fait de la relation d'aide qui s'instaure. J'estime qu'il est important de garder à l'esprit que la relation psychothérapeutique relève d'un contrat de soins. Mes patients ne sont pas des malades mentaux mais la relation psychothérapique a quand même pour but d'apaiser une (ou des) souffrances et/ou d'accompagner vers les objectifs identitaires légitimes de cerveaux qui aspirent au mode vie


La frontière entre ces deux catégories est très floue et c’est pour cela que je préfère parler de "conscience du trouble" pour la marquer. 

La subtilité (pas si rare) est que parfois, certaines personnes basculent de la deuxième catégorie (conscience du trouble) à la première (non conscience). Suite à certains chocs psychologiques (rupture, deuil, licenciement, enfant qui s’éloigne, etc.), elles sont brusquement envahies par un surplus de souffrances (culpabilité, solitude ingérable, etc.). L'intensité émotionnelle les fait basculer. Elles présentent alors une forme de vide affectif, se rigidifient, adoptent une posture de vengeance (cas fréquent des situations d'aliénation parentale des enfants par la mère ou par le père suite à une séparation houleuse), ou sont victimes d'impulsions (pertes de contrôle) suicidaires. A l'inverse, d'autres personnes peuvent aussi, sous l'effet de certains chocs affectifs (souvent après une rupture) basculer de la catégorie des personnes ne se remettant jamais en question à une posture hyper coupable. La boîte de pandore s'est ouverte lorsque la solitude les a confronté(e)s à leur image dans le miroir, à leurs erreurs passées, au mal qu'elles ont pu faire. C'est souvent à ce moment là que les dits "pervers narcissiques" se remettent en question. Leurs souffrances alors mises à jour sont souvent très intenses. N'allez pas croire ici que je puisse justifier leurs attitudes passées. Mais le rôle d'un psychothérapeute est de les aider, alors qu'ils y sont enfin disposés, à trouver des moyens pour ne pas recommencer. Soigner leurs plaies souvent profondes et mieux les outiller pour les accompagner vers ces aspirations qui les ont toujours motivé(e)s, même si leurs méthodes (manipulations, défauts d'empathie, etc.) ne pouvaient leur permettre de les vivre, fait partie de notre travail.
Comment choisir son psychothérapeute ?
Pourquoi avons-nous parfois l’impression de ne pas avoir consulté le psychothérapeute qu’il nous fallait ? Pourquoi certains ne parlent pas, ou très peu, et d’autres beaucoup plus ? Comment trouver celui qui nous correspondra le mieux ?

Au cours de la longue histoire des psychothérapies, qui n’ont pas toujours porté ce nom, différentes écoles théoriques (et méthodologiques) sont nées et se sont développées dans l’opposition les unes aux autres, se spécialisant chacune sur une cible bien spécifique (les idées, les émotions, le corps, etc.). Le flou actuel pour les non initiés à cette histoire vient de là. Par exemple, la plus ancienne et profonde opposition séparait les médecins qui attribuaient une origine exclusivement organique aux maladies mentales et les tenants d’une étiologie (cause) exclusivement psychologique. On retrouve les conséquences de cette opposition chez ceux qui aujourd’hui ne jurent que par les médicaments face à ceux qui les refusent systématiquement. C’est un non sens car la complémentarité entre médicaments et psychothérapie est dans certains cas nécessaire et prouvée. Par exemple, au cours de certaines consultations, certains patients inaccessibles au dialogue furent améliorés par un traitement médicamenteux adapté, les conditions de l’échange furent meilleures et la psychothérapie fut efficace. Dans d’autres cas, le traitement médicamenteux était inadapté (ou manquant) et le médecin dut le stopper ou l’adapter pour que la psychothérapie puisse fonctionner. Parfois aussi, certains traitements médicamenteux ou maladies organiques ont des conséquences sur le psychisme qui rendent difficiles les conditions d’une psychothérapie. 

Les choses ne sont donc pas aussi simples qu’un « tout psychologique » ou « tout organique ». Encore, certains (comme Freud) se sont focalisés (cibles) sur les pensées, fantasmes, rêves, etc. C’est le cas de la psychanalyse et des Psychothérapies d’Inspiration Psychanalytiques (PIP). D’autres s’y sont opposés et ne se sont intéressés qu’aux comportements (les thérapies comportementales). Ces deux approches étaient tellement opposées que l’on parlait alors de « psychothérapie » pour les premiers et de « thérapie » pour les seconds. Aujourd’hui, ces deux termes tendent à être confondus mais les débats demeurent entre ceux qui fustigent la psychanalyse sans la connaître vraiment et ceux qui critiquent les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC). D’autres encore placèrent la priorité sur les émotions (la Gestalt), d’autres sur les systèmes familiaux (thérapies familiales et systémiques), d’autres sur le toucher (thérapies d’abord corporel). Puis les neurosciences s’intéressèrent aux cognitions (aux fonctions telles que la mémoire, l’apprentissage, etc.) qui s’ajoutèrent aux thérapies comportementales, on parla alors de thérapies comportementales et cognitives (TCC) aujourd’hui les plus proches de la médecine car elles tentent de définir des protocoles généralisables pour des symptômes bien précis. 

Ainsi, jusqu’à présent, certains psychothérapeutes spécialisés dans une seule technique, une seule forme d’approche, commettaient parfois l’erreur (faute de connaissance d’autres écoles) de vouloir adapter la problématique et les spécificités de leur patient à leur propre outil au lieu de s’adapter aux spécificités de leur patient. C’est pour cette raison que de nombreux patients ont connu des déceptions, frustrations, désillusions (si ce n'est parfois de réelles régressions) lorsque l’outil avait plus d’effets néfastes (comme un médicament mal indiqué) que bénéfiques.

Face à ce constat, depuis une vingtaine d'années, un nouveau courant a vu le jour, celui des psychothérapies multiréférentielles, dites éclectiques et à visées intégratives. Notre époque est en effet marquée par un besoin de rapprochements, d’échanges entre les écoles et les spécialités au service de la diversité des problématiques et des spécificités des patients. Les psychothérapeutes qui s'y réfèrent se forment d'abord aux bases de différentes écoles (les principaux courants), à ce qu’elles ont en commun (avec des dénominations parfois différentes pour une même technique), à ce qui les différencie et les rend donc complémentaires. Ils choisissent généralement un courant principal de référence et complètent leur boîte à outils par d'autres approches afin de pouvoir effectuer des emprunts ponctuels en fonction des besoins et des spécificités individuelles des patients (problématiques, types de personnalités, ressources sur le moment, etc.) ou encore pour pouvoir indiquer d’autres thérapeutes pour le cas où leurs compétences seraient plus adaptées aux besoins du patient. Ainsi, le patient a beaucoup moins de risques d'être déçu par des séances à vide, par cette sensation de ne pas être compris, de ne pas avancer, etc. 

Durant des années, je considérais que lorsqu'un patient n'atteignait pas son (ou ses) objectif(s), ce n'était pas nécessairement de ma responsabilité. En supervision, lorsque je partageais sur ces cas de résistance, l'on me rétorquait souvent que je ne pouvais pas aider tout le monde. Et je me contentais de cela. Mais depuis que j'ai élargi mes connaissances, que je me suis ouvert à d'autres écoles, je constate en pratique que j’aurais pu faire mieux dans plusieurs cas, si j’avais su... J'ai donc gagné en souplesse, en capacité de diagnostic et dispose désormais de moyens supplémentaires qui me permettent de mieux m'adapter aux spécificités de mes patients. 

Ainsi, comme je le stipule en introduction de mon site, mon principal courant de référence est celui des "thérapies brèves orientées objectifs et solutions". C'est à dire que dès la première séance, je vous demande ce qui est le plus difficile pour vous en ce moment, je vous aide à clarifier votre problématique et à formuler l'objectif le plus adapté à votre besoin. Celui-ci doit vous motiver, relancer l'espoir en un avenir différent, etc. Il devient  la trame de nos séances et j'adapte mes outils à vos besoins pour l'atteindre. Ceci fait, le travail est achevé. Parfois, un autre objectif émerge et je vous donne le choix entre continuer dans la foulée ou prendre le temps d'apprécier les effets du premier avant de revenir plus tard, si vous le sentez.

Pour choisir votre psychothérapeute, je vous recommanderais de vous renseigner avant. Le bouche à oreille reste une forme de sécurité mais parler de ce sujet reste délicat pour certain(e)s. Votre médecin dispose la plupart du temps d'une liste de professionnels et il aura l'avantage d'avoir obtenu des "retours" de ses patients. En fonction de votre besoin, si vous recherchez un "outil" bien spécifique, vous pouvez aussi consulter les sites de certaines fédérations françaises. Par exemple, la FF2P vous propose une liste de professionnels par région, avec leurs spécialités.
Éléments juridiques

L’usage du titre de psychothérapeute
Tout d’abord, l’usage du titre de psychothérapeute est protégé par une loi depuis 2010. Ces professionnels disposent désormais d’un numéro ADELI et sont enregistrés par l’Agence Régionale de Santé (A.R.S) sur la liste départementale des psychothérapeutes. Le titre est attribué automatiquement après obtention de certains diplômes (spécialité médicale en psychiatrie, Master II de psychologie clinique) ou formations agréées par l’A.R.S (universitaires pour la plupart et parfois privées). Les psychiatres sont les seuls « psychothérapeutes » à pouvoir prescrire des médicaments mais ils n’ont aucune obligation de se former à la psychothérapie, ils sont médecins avant tout. Paradoxalement, le terme de « psychothérapie » n’est pas protégé par la loi et n’importe qui peut se présenter comme « thérapeute » ou « praticien » de la psychothérapie sans être inquiété.
Supervision professionnelle et suivi individuel des psychothérapeutes : une garantie éthique exigée par certaines fédérations mais pas par la loi.
Certains psychothérapeutes reconnaissent le caractère indispensable d’une supervision professionnelle régulière et d’un suivi individuel pour tous les praticiens de la psychothérapie. Ce sont deux conditions imposées à tous les membres individuels de plusieurs fédérations, dont la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P) à laquelle j’adhère. Mais ce n’est pas une généralité car la loi (astreinte au respect des libertés individuelles) ne peut imposer de « suivi individuel » à des praticiens sans qu’il ne soit mis en place un régime d’exception. La justice ne peut imposer de suivi psychologique qu’après certains délits, c’est ce que l’on nomme l’ « injonction de soins », ou lorsque la personne pourrait être dangereuse pour elle-même au pour autrui (Hospitalisation sans le consentement). Face à ce manque et à d’autres nécessités éthiques, la FF2P a créé un nouveau titre, celui de « psychopraticien », qui répondrait à tous ces critères déjà imposés à ses propres membres. Les tentatives de faire reconnaître ce nouveau titre n’ont pas encore abouti mais cette question du suivi individuel des psychothérapeutes et les nombreux débats qu’elle occasionne en France comporte des importances qu’il me semble important de partager avec vous :

  • Désespoir et épuisement psychologique : risque d’assujettissement
L’épuisement psychique, la douleur morale et le désespoir entraînent parfois, comme pour une douleur physique intense, un besoin urgent de solutions. Cette détresse, ponctuelle pour certains et plus durable pour d’autres, nous rend parfois très influençables. Nous sommes alors prêts à tout pour apaiser la souffrance, trouver des solutions et relancer l’espoir. Nous espérons même qu’une personne ou une technique thérapeutique magique puisse prendre un pouvoir mental sur notre cerveau, qu’elle nous dise quoi décider, quoi faire, etc. De ce fait, nombreux sont ceux qui se tournent vers des offres de soins « parallèles », les plus rapides et magiques possibles, jusqu’à différentes formes de médiumnités, de voyances ou autres formes de sorcelleries qui viseraient à nous enlever le mal (que certains arrivent à nous convaincre d’avoir attrapé). Ces pratiques, que l’on y croie ou non, sont trop souvent exemptes de formation à la relation d’aide. Ainsi, malgré la sincère bienveillance de nombreux praticiens, elles s’accompagnent encore trop souvent d’abus de pouvoir en tous genres, dont le principal est de vous assujettir, de vous exploiter et de vous rendre dépendant(e). Il faut bien comprendre que l’influençabilité, variable selon les personnalités, est générée ou aggravée par la souffrance (brutalité de l’annonce inattendue d’une rupture, trop de douleurs, d’inquiétudes, d’angoisses, de solitude, de peurs, d’évènements difficiles qui se répètent, etc.). Il faut bien comprendre qu’au plus bas, les personnes en souffrance demandent cette prise de pouvoir, que c’est pour elles une question de vie ou de mort, elles sont au bord du suicide. Face à cela, même des professionnels formés peuvent faire des erreurs et accepter ce pouvoir. Les formations et la supervision professionnelle des psychothérapeutes permettent normalement d’éviter la plupart de ces mésusages, ce qui ne veut pas dire qu’ils seront moins rapides pour apaiser votre douleur ou pour relancer votre espoir dans le futur. Mais leur objectif sera toujours votre autonomie future !   
  • Notion de « contre transfert pathologique »
Ce que vous exprimez en séance, de façon verbale ou non verbale fera bien souvent écho chez votre psychothérapeute qui a aussi sa propre histoire. Si ce dernier ne prend pas le temps de travailler son propre rapport à lui-même, il ne saura peut-être pas repérer ce que vous stimulez en lui. Il risque alors de perdre sa neutralité, malgré toute sa bienveillance, et de vous imposer les conséquences de ce que l'on appelle un contre transfert pathologique. Il s’approprie alors vos spécificités (fragilités, conflits intra psychiques, attitudes en société, dans votre couple, avec vos enfants, etc.) et y répond (par projection) à sa propre sauce, hors contrat, avec ses propres solutions, parti pris, valeurs, et dans un sens qui ne sera pas obligatoirement le vôtre. Les conséquences non éthiques de ce type de mésusages peuvent être nombreuses : vous faire culpabiliser de ne pas arriver à agir comme lui le ferait, vous sentir inférieur(e) à lui, vous démotiver, affaiblir votre sens critique, etc. Par contre, si votre psychothérapeute travaille sur lui-même, sans être parfait (chose impossible), il saura mieux repérer et utiliser ce que vous lui faites ressentir : pour vous poser des questions plus perspicaces, pour émettre des hypothèses plus adaptées à vos ressentis, pour mieux comprendre votre problématique, vos manières de fonctionner, etc. Enfin, en cas d’erreur de sa part (émission d’hypothèses qui ne vous correspondraient pas ou autres attitudes, non-dits qui vous dérangeraient...), il saura écouter l’expression de votre ressenti et se remettre en question si nécessaire, ce qui constituera la base d’une relation de confiance sécurisante.   
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